Un BAC scientifique ou rien
- Par Christine Den Boer
- Le 10/06/2013
- 6 commentaires
« Les « matheux » sont assimilés à des génies, les économistes à des prophètes, les poètes à des cancres et les philosophes à des choses inutiles. » Extrait d’un article apparu sur Rue 89 fin 2011 dont le lien se trouve en bas de ce billet.
Même si vos enfants sont encore petits ou justement déjà adultes, nous avons presque tous connu cela. C’est comme si rien n’avait changé en 30 ans…
J’ai une fille qui passe son bac cette année. Un bac littéraire, presque un gros mot…. : littéraire. D’où vient cette obligation de faire un BAC scientifique ou économico-social ? La filière littéraire étant considérée comme la filière des « losers », chaque parent qui se respecte conseille à son enfant de faire un BAC S ou ES, non ?
Je rigole, car dans ce cas, j’aurais lamentablement échoué avec ma progéniture et d’ailleurs dans ma vie à moi aussi. Car moi aussi, j’ai fait un BAC littéraire. Ca date un peu et c’était dans un autre pays (les Pays-Bas) mais enfin, toujours est-il que j’avais ajouté à mes 4 langues étrangères, des maths. Des maths, car « ça fait bien » et en effet, même à cette époque on disait que les scientifiques valaient plus que les littéraires. Résultat des courses, 4 sur 10 au BAC de maths pour moi et chez nous pas de coëf ou quoi que ce soit pour rattraper cela. Toutes les notes étaient jugées de la même manière et comptaient donc autant que le reste. Bref, j’ai eu mon BAC et c’est ce qui compte. C’est juste dommage pour la moyenne.
Je vous ajoute à la fin de ce billet un lien vers un article où cette obligation à toute épreuve de pousser nos enfants à faire un « bon BAC scientifique » contre leur gré, mais pour leur bien, est dénoncée. Et moi, je fais pareil. Suivre une filière contre son gré peut pousser un ado vers la dépression et nous n’avons franchement pas besoin de cela. Il faut de tout pour faire un monde. Nous avons besoin de scientifiques et de littéraires, sans oublier tous les autres.
Cependant, il est plus compliqué de conseiller à son enfant une filière lorsqu’il est bon dans celle-ci mais n’a pas envie de poursuivre ses études ou de faire son métier dans celle-là. Il est important de bien vérifier qu’il ne s’agit pas d’une lubie du moment et que c’est bien une vraie passion.
Mon mari et moi avons une philosophie bien simple de la vie : chacun a sa voie et doit la suivre. On peut rencontrer de l’adversité partout et ce qui est sûr c’est que je suis incapable de promettre un job (en or) à mon enfant. Surtout aujourd’hui dans cette société où le chômage est partout. Donc nous disons, fais ce qui te plaît. Car en suivant ta voie, tu respires la santé, le bonheur et l’enthousiasme ! Et avec ce bagage-là, tu arriveras où tu souhaites arriver. Evidemment il est important de bien se connaître pour bien choisir. Notre rôle de parent est d’aider nos enfants sur ce chemin pour qu’ils fassent un choix juste. Et encore, tout le monde a le droit de se tromper, mais ça c’est une autre affaire…
Qu’en dites-vous ? Etes-vous partisan du BAC S ou ES et rien d’autre ? Comment ça s’est passé pour vous ? Que dites-vous à vos enfants ? Ont-ils le droit de faire un BAC littéraire ou est-ce que ça vous pose un problème ? Ecrivez dans les commentaires ce que vous en pensez.
http://www.rue89.com/2011/10/15/petit-je-voulais-etre-boulanger-mais-jetais-bon-en-maths-225582
Commentaires
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- 1. Segur Le 10/06/2013
Pendant mes études secondaires j'aimais beaucoup les matières littéraires: littérature, géographie, espagnol mais j'aimais aussi les maths et mes parents m'ont convaincu de faire un bac scientifique (mathélém à l'époque). A ma sortie de l'école normale primaire j'avais choisi une prépa à l'ENSET D: maths, géographie, langues vivantes et je me suis retrouvée dans une classe où peu d'élèves avaient le bac mathélém mais plutôt des bacs techniques. Dès la première heure de cours de maths j'ai eu l'impression de perdre mon temps....heureusement ma mère s'est débrouillée pour que je puisse intégrer une prépa maths qui m'a conduite à l'ENS options maths. Je n'ai jamais regretté ce choix par la suite et j'ai moi-même poussé les fils à faire une filière scientifique (il est vrai qu'aucun ne semblait attiré par les lettres).
Maintenant que je suis à la retraite, je suis des cours de langues mais je fais toujours des maths pour mon plaisir.
C'est vrai que pendant ma carrière de prof j'ai rencontré pas mal d'élèves littéraires poussés dans une carrière scientifique mais en général ils ont bien réussi.
J'ai le souvenir particulier d'un jeune homme très doué pour les maths......et le violoncelle!!Il a choisi le conservatoire et est maintenant chef d'orchestre.....-
- Christine Den BoerLe 10/06/2013
Merci Annie pour ce commentaire. Comme je le disais, il faut de tout pour faire un monde. Donc heureusement qu'il y a aussi plein de personnes qui suivent la filière scientifique par passion ou vocation et que cela amène à des métiers très variés également.
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- 2. Camille Espagne Le 10/06/2013
Bonjour Christine,
Je partage totalement ton point de vue. On ne peut pas être heureux si on est poussé dans une voie qui n'est pas la sienne et un jour ou l'autre on en paie le prix.
A mon époque je voulais faire du sport, j'étais douée et j'avais des tonnes d'énergie à dépenser. Mais le sport dans mon milieu était réservé aux imbéciles, les êtres intelligents ne pouvaient faire une carrière sportive. Ma deuxième passion était la médecine, mais dans les familles intellectuelles et artistiques il n'y avait pas de place pour aider son enfant à s'épanouir dans ce type de carrière. Résultat, j'ai arrêté mes études à 15 ans, végété un an en dépression puis j'ai commencé à bosser à 16.
Comme malgré tout, en bonne intellectuelle, ma mère nous avait pas mal parlé de choix et de notre propre responsabilité sur notre propre vie, j'ai suivi mon bonhomme de chemin pour reprendre des études, faire du journalisme et finalement me retrouver dans la communication (une sorte de médecine :-) à organiser pendant une quinzaine d'années des évènements sportifs. Une forme de retour aux passions d'enfance.
Pour mon fils, encore jeune, depuis ma première rencontre avec lui, il est passionné par les avions. Jusqu'à encore maintenant, son doudou, le jouet qu'il emmène partout avec lui est soit un avion, soit un hélicoptère. Il adore les émissions qui parlent du sujet et peut passer des heures devant une vitre d'aéroport à regarder les avions atterrir ou décoller. Son rêve être pilote. Sa difficulté, les maths !!! A 12 ans maintenant, il sait que pour être pilote, il aura besoin d'être bon en maths et que pour l'instant il n'arrive toujours pas à compter sans ses doigts. Mais il sait aussi, qu'un pilote a besoin de parler plusieurs langues étrangères et qu'il est déjà parfaitement bilingue. Il sait aussi qu'avec plusieurs langues étrangères, il pourra faire d'autres métiers dans l'aviation ou des métiers qui lui permettront de voyager. Et surtout il sait au final que mon rôle de maman c'est de lui montrer tous les chemins possibles mais que c'est à lui seul d'en emprunter pour trouver sa meilleure voie.
L'autre jour il m'a fait beaucoup rire à table, car il m'a dit "[i]tu sais maman, finalement je ne sais pas encore bien ce que je veux faire comme métier. J'hésite entre pilote, président (commentaire de maman - rien que ça !!!) ou artiste."
Et moi de lui répondre en rigolant : "si tu deviens président ou artiste, tu pourras avoir ton propre avion et des cours particuliers pour apprendre à le piloter", j'ai vu un horizon s'ouvrir dans ses yeux.
Voilà ma petite expérience. J'ai envie de conclure en reproduisant la phrase ci-dessous de l'article de Rue 89
"La force et l’énergie des révoltés, des indignés sont, pour moi et pour beaucoup, une grande espérance."
Très amicalement
Camille-
- Christine Den BoerLe 10/06/2013
Bonjour Camille, Merci pour ton commentaire avec la belle conclusion. Je vois que ton chemin n'a pas été sans embuches, mais que finalement tu es arrivée à faire "à peu près" ce que tu voulais. Quelles belles ambitions a ton fils, c'est génial ! En tous les cas, il a la chance d'avoir une maman extrêmement ouverte, aimante et stimulante. Ce qui ne veut pas dire que dans ton milieu on ne t'aimait pas.... c'était juste une autre époque, un peu moins ouverte sans doute. J'espère que malgré un retour en arrière au niveau moral dans différentrs pays, l'ouverture d'esprit et l'amour pour nos enfants gagneront la bataille et conduiront nos enfants vers un bel avenir. A bientôt.
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- 3. Nicolas Le 11/06/2013
À mon avis, l'idéal c'est d'être à la fois scientifiquement inutiles, économiquement cancres, génies non-chosifiants, philosophes pépères, poétiques salades de tomates à la pro-féta bio!
Biz et à bientôt dans le mixer métaphysique.
Amicalement,
Nicolas-
- Christine Den BoerLe 11/06/2013
Ha ha ha :) On sent bien l'artiste là ! Tu as tout à fait raison, Nicolas. Ca va bouger dans ce mixer-là !
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